La Légende de Jean avec le Roi

La Légende de Jean avec le Roi

Voilà que Jean et sa dame étaient les fermiers du roi, au Revest (Provence). Ils avaient dans leurs possessions une vache pour le lait.

Un beau jour, Jean se décide à tuer sa vache pour vendre la peau. Le jour de la foire, il part avec sa peau de vache sur son dos. En cours de route, il passe près d’un endroit où des voleurs qui avaient volé un trésor étaient en train de se partager les pièces d'or. Mais la peau faisait tant de bruit en passant dans les ronces que les voleurs se crurent surpris et qu'ils s'enfuirent, abandonnant leur trésor

Jean, voyant le trésor, resta ébloui. Il en prit tant qu'il pouvait en porter et retourna après avec sa femme pour ramener tout ce qu’il  restait encore.

Le jour même, il envoie sa dame au roi pour lui demander un double décalitre. Le roi lui demande à quoi le double décalitre allait servir. La femme lui répond :

 -C'est pour mesurer des pièces d'or que mon mari a retirées de la vente de la peau de la vache.

Le roi, malin, pour bien s'en assurer, colle au fond du double décalitre un morceau de poix de cordonnier. Le lendemain, Jean, en allant lui rendre le double décalitre, lui dit :

  -Monsieur le roi, si j'étais à votre place, je tuerais toutes les vaches et j’irais les vendre. Vous feriez une fortune colossale ! J'ai vendu la peau de ma vache au prix de mille francs le poil.

Le roi fait immédiatement abattre toutes ses vaches. Et à la prochaine foire, il envoie tout ses valets porter les peaux à vendre. Ils criaient

 -Qui veut acheter des peaux à mille francs le poil ? Bien entendu, les gens les traitent de fous et les valets s'en retournent avec les peaux sans en avoir vendu une. Mais Jean, qui savait ce qui allait lui arriver de la part du roi, prend ses précautions. Il envoie sa femme remplir une vessie de sang et il la lui fait placer sur son ventre en lui disant :

 - Le roi, en venant, va me chercher dispute. Je lui dirai que c’est toi qui m'a conseillé de lui dire de tuer ses vaches. Alors je te donnerai un coup de couteau pour te tuer ; tu tomberas par terre en faisant la morte et tu feras ce que je te dirais de faire.

Le roi, en arrivant chez Jean, était fou de rage. Mais Jean, de suite lui dit :

-Monsieur le roi, c'est ma femme qui en est la cause. Pour la punir, je vais la tuer.

Jean se jette sur sa femme avec un couteau à la main et il lui envoie un coup dans le ventre et la tue. Le roi s’excuse en lui disant :

 -Jean tu n'aurait pas dû faire ça ; je t'aurais pardonné.

Mais Jean répond au roi :

-Ca  lui servira de leçon pour la prochaine fois.

Alors il va dans son placard, il prend un vieux violon, et va devant sa femme en jouant du violon et lui dit :

 -De la part de mon violon, que ma femme dresse un bras !

Elle dresse un bras. Il joue encore du violon et dit :

 -De la part de mon violon, que ma femme dresse l'autre bras ?

Elle lève l'autre bras. Le roi était stupéfait.

Jean-Louis dit :

 -Monsieur le roi, laissez la faire. De la part de mon violon, que ma femme se dresse et vienne m'embrasser !

La femme se dresse et saute dans les bras de son mari. Le roi n'en revenait plus. Le roi  s’excuse et lui dit :

 -Jean, il faut que tu me vendes ce violon.

Jean lui dit :

-Mais, monsieur le roi, j'y tiens à ce violon, parce qu'il me sert à corriger ma femme.

-Eh bien ! Jean, moi que ma femme est si méchante, il faut que tu me vendes ce violon.

Jean fini par accepter. Le roi s'en retourne la maison. Sa femme, en le voyant arriver avec le violon, lui demande pourquoi c’est faire. Le roi lui répond :

-Avec cela, ça me servira à te corriger.

Au bout d'un certain temps, ayant eu une discussion avec sa femme, il lui envoie un coup de couteau et la tue. Tous les valets du château se portent auprès de la morte et le roi les écarte en leur disant :

-Vous allez voir qu'elle n'est pas morte.

Le roi va chercher son violon et il se met à gratter dessus en disant :

-De la part de mon violon, que ma femme dresse un bras ! N'ayant aucun résultat, il demande quelle dresse l'autre bras. Même résultat. Pour la troisième fois, il dit :

-Que ma femme se dresse et vienne m'embrasser !

Malheureusement, elle et bien morte. Le roi l’avait tuée. Fou de colère, il fait jeter sa femme dans la rivière avec le carrosse du château.

Jean arrive à ce moment-là, et le roi lui dit que son violon n'avait pas répondu comme à lui et que fou de colère il avait jeté sa femme dans la rivière. Mais Jean lui dit :

- Monsieur le roi, allez chercher ce violon ; vous n'avez pas su le faire marcher. Moi je vais sortir votre femme de la rivière.

Mais voyant qu'elle ne remontait pas à la surface, Jean dit au roi :

-Pour moi, elle est rentrée dans le carrosse et elle demande du renfort pour le renflouer.

Et à tour de rôle, le roi envoie tous ses valets au fond de la rivière pour sauver la reine et monter le carrosse.

Jean dit au roi :

-Monsieur le roi, on attend plus que vous pour le sortir.

Et le roi, à son tour, se jette dans la rivière. Et bien entendu, personne n'est remonté. Voilà la fin de la légende de Jean.


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