Cléopatre Grand Sakura (admin)
Sexe : Messages : 2659 Date de naissance : 05/07/1960 Date d'inscription : 21/01/2012 Age : 64 Localisation : Besançon
| Sujet: L'Enfance (2ème Partie Dim 2 Fév - 20:36 | |
| L'Enfance
Mais déjà plus souple et plus belle, La tige commence à grandir ; Brisant son écorce rebelle, Du bouton la fleur va sortir.
O folle enfance ! ô tête blonde ! Baisant tes yeux à leur réveil, En vain je boude, et je te gronde, Enfant, de courir au soleil ;
Toi, t’envolant avec l’aurore, Par nos vallons pleins de douceurs, Tu veux voir les bourgeons éclore, Avec les abeilles tes sœurs.
Quand l’aube à la molle paupière, Aux yeux d’azur comme la mer, Des flots lactés de sa lumière Blanchit le cristal bleu de l’air ;
A l’heure où l’insecte qui rôde Sent le jour dorer ses habits, Où sur les feuilles d’émeraude Luisent les mouches de rubis ;
A l’heure des chastes délices, Où tout renaît pour embaumer, Où les âmes et les calices S’ouvrent pour vivre et pour aimer ;
Joyeuse, avant nous tu t’éveilles, Et tu vas au milieu des champs Mêler à toutes ces merveilles Ton âme, tes jeux et tes chants.
Du gazon verdoyant et lisse Effleurant l’humide velours, Fille de l’air et du caprice, Sans but, tu fuis, tu viens, tu cours.
Ainsi qu’un papillon de soie Qui nage dans l’air transparent, Par la vallée où l’aube ondoie, Je vois passer ton vol errant.
L’herbe par le ciel arrosée, Et l’arbuste ami de tes jeux, Sèment leurs larmes de rosée Sur les fils d’or de tes cheveux.
Là, parmi les vertes ramées, Tu vois, sur des rameaux pendants, De belles grappes parfumées Qui font rire tes belles dents.
Là, les bibaciers aux fleurs blanches, Chargés des gouttes de la nuit, Laissent pour toi choir de leurs branches Les perles d’ambre de leur fruit.
Là, tu bois une eau vive et fraîche, Qui reflète en ses flots moirés Ton beau visage au teint de pêche Et tes yeux bleus aux cils dorés.
Ici, splendide comme un rêve, La plaine au jour vient de s’ouvrir ; Plaine où toute aile qui s’élève Semble t’inviter à courir.
Ici, sur le bambou qui ploie, Roseau sonore et frémissant, Comme un cactus ardent, flamboie Le cardinal éblouissant.
Ici, l’arbre au superbe ombrage, Déployant ses larges rameaux, Berce au vent son vaste feuillage Où pendent des grappes d’oiseaux.
Ainsi tout t’appelle et t’enchante, Tout invite et séduit tes yeux, L’eau qui parle, le nid qui chante, Le soleil qui remplit les cieux.
O joie ! ô fleurs ! ô mélodie ! Mais l’astre monte et, plus puissant, Au ciel que sa marche incendie Roule son disque incandescent.
Déjà dans les grands champs de cannes, Dans les déserts du firmament, Et sur les monts, dans les savanes, Déjà tout n’est qu’embrasement.
Nul vent, nul souffle qui balance L’oiseau gazouillant sur l’épi : Partout plane un ardent silence, L’ardent silence de midi !
Sous le soleil, mornes et calmes, Les palmiers aux fronts panachés Laissent traîner leurs larges palmes Sur les bœufs à leurs pieds couchés.
Cherchant l’ombre pour leurs paupières, Aux rayons pleuvant du zénith Le lézard glisse entre les pierres, Le bengali vole à son nid.
Dans l’arbre où sa voix se recueille, Le ramier n’a plus un soupir ; L’herbe même ferme sa feuille, Se penche et semble s’assoupir.
O poids du jour ! ô lassitude ! Pâtres et fleurs ont clos les yeux. Le soleil dans sa plénitude Brûle immobile au fond des cieux !
Mais, tandis que la plante et l’homme, Courbés sous un ciel étouffant, Par ce soleil font un doux somme, Toi, que fais-tu, ma douce enfant ?
Assise au plus creux des ravines, Près de quelque source où tu bois, Tu goûtes ces fraîcheurs divines, Mystère des eaux et des bois.
Du dôme épais que l’astre inonde, Mobile et vivant parasol, Filtre une clarté molle et blonde Sur la mousse fine du sol.
Toi, du pied frappant l’eau captive, Tu troubles de tes joyeux bonds La poule d’eau bleue et furtive Qui sommeille au milieu des joncs.
*Auguste Lacaussade*
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