En voici une autre, que l'on trouve aussi sur mon blog. Elle est un peu plus courte que la précédente. Bonne lecture!L'envol du destin
Il venait de mourir, là devant les yeux de Victoria. La jeune fille se mit à pleurer. Les larmes coulaient à flots sur son visage glacé. Elle ne pouvait plus parler. Elle n'en avait pas la force. Elle eut le sentiment étrange que plus jamais elle ne sourirait. Elle venait de perdre un être très cher. En effet, c'est lui qui soutenait la fillette lorsque sa mère se montrait trop dure avec elle. Il l'emmenait souvent faire un tour dans la forêt ancestrale, à quelques pas de chez elle. Il lui avait raconté bien des histoires d'elfes et autres créatures mystiques. Victoria s'était même trouvé une passion pour ces choses là. Elle adorait rêver au clair de lune, et faire des voeux quand elle voyait passer une étoile filante.
Mais sa mère, voyant la fillette rêvasser lui disait régulièrement: "Fais attention, des dents vont te pousser tu vas te transformer!" ou encore elle soupirait, un peu comme pour dire "ma pauvre fille..."
Bien des fois, la jeune fille s'était mise à pleurer à cause de ça.
Il est donc simple de comprendre qu'elle venait de tomber de haut. Le soir-même, alors que le soleil se couchait, elle se rendit dans la foret. Elle repensa à tous ces moments qu'elle avait passé avec son grand-père, avec qui elle se sentait en sécurité. Elle déposa une rose blanche au milieu du sentier. Elle murmura soudain: "Papy, fais-moi signe! Je sais que tu es toujours là et que tu veilles sur moi! Prouve-le moi!"
Un pétale de la rose se détacha, s'envola avec le vent puis atterit derrière le tronc épais d'un vieux chêne. Victoria alla donc jusqu'à l'endroit où le pétale était tombé. Ce geste lui parut tout naturel. Elle y trouva aussitôt un livre, un vieux livre...Elle l'ouvrit. Elle y trouva toutes les histoires que lui avait contés son grand père.
Voyant que la nuit commençait à tomber, elle reprit la route qui menait jusqu'à chez elle, le livre dans la main gauche. Quand elle franchit le pas de la porte, sa mère la gronda: "Qu'as tu été faire encore? Tu es allé voir si tu ne voyais pas la bonne fée? Eh bien je te rassure, ma fille! Elle n'existe pas!!
_Mais...Maman, regarde ce que j'ai trouvé...
_Pffff, peu m'importe! Au fait, les obsèques de ton grand père auront lieu demain, de bonne heure! Vas te coucher à présent, et arrête avec tes histoires sans queue ni tête!
_D'accord Maman, bonne nuit...
_Oui c'est ça, bonne nuit, vas te coucher!"
Victoria monta dans son semblant de chambre. Elle s'allongea sur son lit et regarda les étoiles par la fenêtre entrouverte. Elle vit une étoile filante. Elle fit un voeu. On ne sait lequel, mais elle en fit un. Elle ferma les yeux puis espéra très fort. Les larmes coulaient de nouveau de ses yeux noisette.
Puis elle alluma sa bougie, qui lui servait de veilleuse. Elle ouvrit le livre qu'elle avait trouvé. La première page était ornée d'enluminures si belles, et si fleurissantes que l'on pouvait y voir toute une histoire déjà. Elle ne doutait pas que ce fut son grand père qui l'avait écrit. Ce ne pouvait être que lui. Dans tout ce qu'il entreprenait, il y mettait tout son coeur. Elle pensa très fort à lui.
Lorsqu'elle tourna la page, quelques chose s'échappa du livre. Elle n'eut pas le temps de voir ce que c'était. Cela ressemblait à un oiseau. Il s'échappa par la fenêtre. Elle lut sur cette page deux mots: "Rejoins-moi". Ces deux mots, écrits en gothique, n'avaient à eux tous seuls, aucun sens. Mais quand elle vit l'oiseau s'envoler, elle cru comprendre qu'il fallait qu'elle s'endorme.
Victoria étegnit sa bougie. Cette dernière laissa échapper une fine fumée noire, que la cire parfumait. Puis elle ferma les yeux. Peu de temps après, elle s'endormit profondémment.
Quelques heures plus tard, les premiers rayons de l'aube traversaient la chambre. La brise fraiche du matin réveilla la jeune fille, dont les yeux étaient encore pleins de rêves. Mais très vite, elle fut rattrapée par la réalité. Elle entendit sa mère l'appeler: "Dis moi, tu es prête là?! Je n'ai pas que ça à faire de t'attendre moi! Et puis si on y va c'est surtout pour toi! Moi ce n'est pas ma famille ça ne me regarde pas!"
Victoria se vêtit tant bien que mal, et n'eut pas le temps de se coiffer. Elle se contenta de dêmeler ses longs cheveux bruns avec ses mains. Puis elle rejoignit sa mère, au rez de chaussée. Au bout de quelques minutes, les voilà à l'église, où attendaient des membres de la familles, eux aussi, affligés par le triste évènement. Personne ne parlait à personne. Tout le monde était muet, songeur...
Ainsi, les obsèques se déroulèrent dans une ambiance lourde et pesante. Le grand père de Victoria fut enterré au cimetière, se trouvant à proximité de la forêt.
Le lendemain, Victoria se rendit au cimetière. A peine devant la porte, elle eut du mal à retenir ses larmes. Une jeune femme d'une vingtaine d'années, vêtue d'une longue robe noire avec des dentelles et des rubans de satin, en sortait. Elle regarda la jeune fille, puis lui sourit en disant: "Toi aussi, toi aussi...
_Pourquoi moi aussi?"
Elle n'eut pas de réponse. Elle se retourna, mais la jeune femme n'était plus là. Elle vit seulement une nuée de papillons noirs s'envoler vers chez elle. Victoria n'en croyait pas ses yeux. Abasourdie, elle se dirigea vers la tombe de son grand père. Quand elle y arriva, elle aperçut une plume blanche, posé sous le nom. Elle la prit avec elle. Le jour suivant, elle retrouva cette même plume, et le jour d'après aussi, puis ainsi de suite...
Le treizième jour après le décès de son grand père, elle aperçut une colombe sur la tombe de ce dernier. La jeune fille voulut approcher l'animal, mais ce dernier s'envola, sans qu'elle n'ait pu toucher le plumage blanc pur. L'oiseau laissa tomber une plume sur le caveau. Une plume blanche. Il sembla à Victoria qu'il s'agissait de l'oiseau qu'elle avait vu s'échapper par sa fenêtre. Elle regarda la plume de plus près. Sur cette dernière était inscrit un "V" gris-noir. Elle rentra aussitôt chez elle, puis montra la plume à sa mère. Comme de coutume, elle envoya sa fille se coucher. Cette dernière réalisa soudain que le nombre de plumes ramassées était égal à son âge. Inquiète, elle ne put fermer l'oeil.
Elle regarda dans son livre si elle y voyait une histoire avec des colombes. En effet, elle en vit une. Il y avait en bas de la page, le dessin d'une jeune femme, semblable à celle qu'elle avait vue à l'entrée du cimetière. Elle tenait sur sa main une colombe. Soudain, elle entendit un petit bruit vers sa fenêtre. Elle y vit l'oiseau, qui la regardait. Victoria le regardaégalement. Au bout de treize minutes, la colombe s'envola. L'enfant, quant à elle, s'endormit et plus jamais ne se réveilla...
Sujet: L'envol du destin 
